RACINE

«J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer»
Jean Racine (1639-1699)

Frédéric Fabre

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BIOGRAPHIE DE RACINE

-CITATIONS DE RACINE

- LA CABALE CONTRE PHEDRE ET L'AFFAIRE DES SONNETS

- LIENS EXTERNES

BIOGRAPHIE DE RACINE

1639: Racine est baptisé à la Ferté Milon le 23 décembre. Il est né au sein d'une famille de petits bourgeois proches des milieux jansénistes. Son père était procureur au bailliage, son grand-père et son bisaïeul avaient été contrôleurs du grenier à sel de La Ferté-Milon et de Crespy-en-Valois. Il est mis en nourrice chez une jeune femme ayant pour prénom Marguerite.

1641: Sa sœur Marie est baptisée le 24 janvier mais le 29 janvier, sa mère décédée des suites de ses couches, est inhumée.

1642: Son père se remarie le 4 novembre, avec Madeleine Vol, la fille d'un notaire de la Ferté Milon. Racine est élevé par ses grands parents et par sa tante Agnès Racine.

1643: Son père est inhumé le 7 février. Il ne laisse que des dettes. Le 30 décembre, les grands parents renoncent à la succession au nom des petits enfants.

1644 - 1648: Racine vit à la fois à la Ferté Millon chez ses grands parents et à Port Royal à Paris avec sa tante.

1649: Son grand père est inhumé le 22 septembre. Sa grand mère Marie Desmoulins, se retire à Port Royal des Champs avec Racine qui entre aux petites écoles de l'abbaye.

1653: Racine entre en seconde, au collège Pastour de Beauvais sur la recommandation de Port Royal. Le jansénisme est condamné.

1655: Racine revient à Port Royal.

1656: Les Provinciales de Pascal sont publiées le 27 janvier. La vie à Port Royal est agitée. Racine doit se réfugier au château de Luynes où son oncle est intendant. Il suit des cours avec le futur duc de Chevreuse. 

1658: Il suit à Paris, des cours de philosophie au collège d'Harcourt actuel lycée Saint Louis dont le principal est associé à la publication des Provinciales. L'enseignement qu'il reçoit est fondé sur l'étude de la Bible, de la rhétorique et des auteurs grecs et latins qu'il lit à livre ouvert. Cette solide culture antique lui fournira de nombreuses sources d'inspiration et de réflexion pour son théâtre.

1659: Il loge à l'hôtel de Luynes. Il est un des espoirs des jansénistes. Ce qui ne l'empêche pas de fréquenter une société de mondains et de lettrés.

1660: Il écrit une ode : la Nymphe de la Seine à la Reine en hommage à Marie Thérèse d'Autriche infante d'Espagne qui vient d'épouser Louis XIV. Il écrit aussi deux pièces, une tragédie Amasie, aujourd'hui perdue, et Les Amours d'Ovide, toutes deux refusées par les comédiens du Marais.

1661: Il part chez son oncle chanoine et grand vicaire de l'évêque à Uzès pour se détacher des jansénistes. Il commence son noviciat.

1662: Il ne se sent pas une vocation religieuse au sein de l'Église romaine et repart pour Paris.

1663: Il compose une ode sur la Convalescence du Roi, puis la Renommée aux Muses, œuvres qui attirent sur lui l'attention et lui valent une pension royale. Il porte sa tragédie Théagène et Chariclée à Molière qui la refuse, mais qui encourage le jeune auteur à écrire une autre pièce, les frères ennemis futurs Thébaïde pour concurrencer la pièce de Claude Boyer annoncée à l'hôtel de Bourgogne.

1664: La Thébaïde corrigée par Boileau, est représentée, le 20 juin par la troupe de Molière. C'est un échec.

1665: Il écrit  Alexandre le Grand en l'honneur du roi. Il porte en secret la pièce à la troupe de l'Hôtel de Bourgogne qu'il juge supérieure à celle de Molière dans le grand genre.  Le 4 décembre, sa pièce est représenté pour la première fois au Palais Royal devant Monsieur, frère du roi, Madame Henriette Anne d'Angleterre et le Grand Condé. C'est un grand succès. La Du Parc joue Axiane. Il débute avec elle une liaison secrète.

Le 18 décembre, la pièce est jouée par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne devant Louis XIV. La pièce est donc jouée dans les deux théâtres concurrents ! Ce fait provoque sa brouille avec Molière qui l'accuse d'être ingrat, calculateur et ambitieux. Molière fait arrêter la pièce et ne lui paie pas ses droits d'auteur. Port Royal contre le théâtre par principe, reproche à Racine son succès alors qu'il expose avec poésie les thèses jansénistes de la grâce.

1666: Alexandre le Grand parait avec une épître dédicatoire à Louis XIV dès le 13 janvier.

1667: Il rencontre sa future protectrice, Madame de Montespan. La Du Parc suit les conseils de Racine et quitte la troupe de Molière pour rejoindre la troupe de l'Hôtel de Bourgogne. Il affirme sa maîtrise avec Andromaque, dont le rôle-titre est créé par la Du Parc avec qui, il entretient une liaison orageuse. La première est jouée devant le roi, la reine et la cour dans les appartements de la reine. C'est un succès considérable. Sa pension royale est augmentée et s'élève à 800 livres.

1668: Andromaque est publié en janvier avec une dédicace à Madame, belle sœur du roi. La troupe de Molière donne une satire d'Andromaque, La Folle Querelle écrite par Adrien de Subligny. C'est un grand succès. Sa seule comédie, les Plaideurs est créée. C'est un succès à la cour mais un échec à la ville. Il devient le parrain de Jeanne Thérèse Olivier, la fille naturelle qu'il a avec La Du Parc. Il ne la reconnaît pas.

Le 11 décembre, La Du Parc décède des suites d'un avortement raté.

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1669: La Comédie Les plaideurs est publiée en janvier.  Il a une grande amitié avec Boileau. Ils subissent tous deux l'influence du libertin abbé César de Saint Réal. La Champmeslé entre dans la troupe de l'Hôtel de Bourgogne.

Le 13 décembre, Britannicus est représentée pour la première fois à l'Hôtel de Bourgogne. Il subit une cabale mais c'est tout de même un succès. Sa pension royale est augmentée jusqu'à 1200 livres.

1670: Britannicus est publié fin janvier avec une dédicace au Duc de Chevreuse. Il se rend chez La Fontaine à Château Thierry avec son ami Boileau pour écrire un recueil de poésies chrétiennes sous la direction des jansénistes.

Le 21 novembre, Bérénice est représentée pour la première fois chez le Duc de Nevers par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne. La Champmeslé tient le rôle principal. 

Le 28 novembre, la troupe de Molière joue Tite et Bérénice de Pierre Corneille. La concurrence entre les deux troupes est alors agressive.

Le 14 décembre, Bérénice est jouée devant le roi et la Cour et le 21 décembre, à l'Hôtel de Bourgogne. Racine, Boileau, La Fontaine et la Champmeslé mènent une vie de libertins.

1671: Bérénice est publiée le 24 février avec une dédicace à Colbert. Sa pension royale est encore augmentée pour atteindre 1500 livres.

1672: La pièce Bajazet est représentée pour la première fois à l'Hôtel de Bourgogne, le 5 janvier. C'est un grand succès.

Le 5 décembre, Racine est élu à l'Académie Française.

1673: Racine entre l'Académie Française, le 12 janvier.

Le 13 janvier, Mithridate est représentée pour la première fois à l'Hôtel de Bourgogne. La Champmeslé y tient le rôle principal. La pièce est jouée devant le roi et la cour au château de Saint Germain en Laye. Louis XIV déclare que c'est sa pièce préférée. Le 17 février, Molière meurt. Mithridate est publiée le 16 mars.

1674:  Iphigénie est créée à Versailles le 18 août à l'occasion des  fêtes de la conquête de la Franche Comté par Louis XIV.

Le 27 octobre, le roi offre à Racine la charge de trésorier général de France dans la généralité de Moulins estimée à plus de 20 000 livres et le dispense des fonctions liées à cette charge.

Le 31 décembre, Iphigénie triomphe à l'Hôtel de Bourgogne.

1675: Iphigénie est publiée en janvier avec une préface qui est une défense des anciens contre les modernes.

Le 31 décembre, les œuvres complètes de Racine sont publiées avec des préfaces remaniées.

1677:  Il donne en janvier, au théâtre de Bourgogne, sa tragédie la plus parfaite et la plus émouvante, Phèdre. La Champmeslé joue Phèdre et son mari tient le rôle de Thésée. Il subie la cabale du Duc de Nevers et de sa sœur la Duchesse de Bouillon qui soutiennent la représentation de Phèdre et Hyppolite à l'Hôtel de Guénégaud écrite par Pradon.  Boileau et Racine écrivent alors un sonnet contre le Duc de Nevers qui les menace de coups de bâton. Ils se réfugient alors chez le Grand Condé qui accepte d'être le Médiateur. La Cour se divise entre les deux Phèdre.

Le 13 mars, Pradon publie sa pièce avec une préface très violente contre Racine qui publie la sienne le 15 mars.

En juin, il épouse Catherine de Romanet, qui lui donnera sept enfants à l'éducation desquels il va s'attacher avec rigueur.

Le 31 juillet, Phèdre est représenté devant le roi lors des fêtes données par Colbert à Sceaux.

Le 11 septembre, Racine et Boileau sont tous deux nommés historiographe du Roi. Ils reçoivent chacun une somme de 6000 livres par ordonnance royale. Ils doivent se consacrer au service du roi. Racine abandonne le théâtre et peut alors se réconcilier avec Port Royal hostile par principe au théâtre et aux plaisirs.

Le 5 décembre, Racine reçoit une gratification supplémentaire de 1 500 livres.

1678: Racine et Boileau rédigent un bref journal de route de Louis XIV à Gand.

Le 11 novembre, son premier fils Jean Baptiste, du même prénom que Molière, naît.

1679: Il rédige une épître dédicatoire à Madame Montespan. Il est le protecteur naturelle de l'abbaye de Port Royal des Champs. Il est l'un des accusés de l'affaire des poisons. La Voisin l'accuse d'avoir empoisonné la Du Parc pour lui voler ses bijoux.

1680: Louvois autorise l'arrestation de Racine, le 11 janvier mais il ne sera pas inquiété. Il n'en saura jamais rien. L'enquête préliminaire interne de la police démontre que son ancienne maîtresse avait été confondue avec une autre Du Parc, qui était une avorteuse et victime dans l'affaire des poisons.

Le 16 mai, sa première fille Marie Catherine naît. La gratification royale est portée à 2000 livres. Ses trois pièces, Iphigénie, Phèdre et Mithridate sont jouées à la Cour et à la Comédie Française.

1681: La Comédie française joue 39 fois Racine dans l'année. Racine commence à faire des placements immobiliers.

1682: Toutes les pièces de Racine sont jouées à la Comédie Française. Sa deuxième fille Anne naît. En novembre, il voyage à La Ferté Millon pour le baptême de sa nièce.

1683: Racine et Boileau suivent le roi et l'armée en Alsace. Madame de Montespan leur commande un opéra pour le carnaval de la Cour pour remplacer Thomas Corneille disgracié. Ils écrivent leur ouvrage en trois jours et reçoivent 10 000 livres de récompense. En septembre, Racine voyage à la Ferté Milon. Colbert mort, Louvois nomme Racine et Boileau à la petite académie future inscriptions et belles-lettres. 

1684: Le roi épouse Madame de Maintenon. Iphigénie est représentée à Stockholm par les dames de la Cour de Suède.

Le 31 juillet, Elisabeth la troisième fille de Racine naît.

Le 31 décembre, La Montespan offre un livre de miniatures représentant les villes hollandaises conquises en 1672. Les textes sont écrits par Boileau et Racine.

1685: L'Édit de Nantes est révoqué.

Le 2 janvier: Racine prononce le discours de réception de Thomas Corneille, qui remplace au même fauteuil, son frère mort l'année précédente. Racine fait un vibrant éloge de Pierre Corneille.

Le 16 juillet: L'Idylle sur la Paix, le divertissement musical est joué à Sceaux devant le roi. Lully a écrit la musique et Racine a écrit le texte.

Le 21 juillet, Nicolas Colbert lit au roi une harangue en faveur du clergé, écrite par Racine.

1686: Racine et Boileau rédigent les inscriptions qui figurent au bas des tableaux de Charles le Brun sous la voûte de la galerie des glaces. Racine corrige les constitutions de Saint Cyr à la demande de Madame de Maintenon. Il reçoit une gratification royale de 2000 livres.

Le 29 novembre, sa quatrième fille Françoise qu'il surnommera Fanchon naît.

1687: La deuxième édition de ses oeuvres complètes sont augmentées et publiées. Mai-Août: Il suit le roi lors de la campagne de Luxembourg.

1688: Il commence à travailler à Esther sur la demande de Madame de Maintenon. Boileau et Racine reçoivent une gratification royale exceptionnelle de 10 000 livres. 

Le 14 mars, sa cinquième fille, Madeleine naît.

1689: La Première représentation d'Esther est jouée devant le roi, le 26 janvier. Le privilège d'Esther est offert aux dames de Saint Cyr, le 3 février. Le roi veut revoir la pièce avec la reine d'Angleterre, l'épouse de Jacques II alors exilée, le 4 février. En mars, les protestants de Genèvre se reconnaissent dans les juifs opprimés et exilés d'Esther. C'est un succès.

Le 28 septembre, Racine est reçu parmi les intimes du roi à Marly. Louis XIV s'était aménagé un relais de chasse près du château de Versailles pour y vivre plus simplement. Il y accueillait très peu de monde, seules quelques personnes qu'il estimait. Être invité à Marly, démontrait la très grande estime du roi puisque la Cour était cantonnée au château de Versailles. Marly, la demeure intime du roi fut vendu en 1799 comme bien national à un industriel. Sa faillite provoqua la destruction du château.

1690: Agnès, la tante de Racine est élue abbesse de Port Royal des Champs. L'école de Saint Cyr fait de nombreuses représentations d'Esther. Athalie est rédigé mais Madame de Maintenon, sous la pression du parti dévot interdit la représentation par l'école de Saint Cyr. Toutefois, les filles de l'École chanteront les choeurs devant la reine d'Angleterre, le 10 juillet. Le privilège d'Athalie est signé le 11 décembre.

Le 12 décembre, Racine acquiert pour 10 000 livres, une des 24 charges de gentilhomme de la chambre du roi alors estimées à 53 000 livres.

1691: De nombreuses chansons satiriques présentent Racine comme un parvenu et un faux dévot. La première représentation d'Athalie est jouée le 5 janvier devant le roi et le Grand Dauphin.

Le 3 mars, la pièce Athalie est publiée. En Mars-Avril, Racine suit Louis XIV devant le siège de Mons. En décembre, La Thébaïde est retirée du répertoire de la Comédie Française.

1692: Par brevet, la pension d'historiographe de Boileau est ramenée à 2000 livres. Il est dispensé de suivre le roi en campagne. Celle de Racine contraint de suivre le roi, est ramenée à 4000 livres. En Mai: Racine suit la revue des troupes royales devant Mons. En Juin: Racine suit le siège de Namur.

Le 2 novembre, son dernier enfant Louis naît.

1693: De nombreuses satires chantent l'orgueil de Racine. La pièce Esther est jouée à la Cour de Suède.

Mai-Juin: Racine suit le roi en Flandres. Il est à nouveau reçu et vit à Marly en juillet- Août parmi les intimes du roi.

Le 15 juin, La Bruyère, dans son discours de réception à l'Académie Française, place Racine comme égal à Corneille, malgré les protestations des fans de ce dernier. Fontenelle publie en réponse, un parallèle en faveur de son oncle Corneille.

Le 2 novembre, il obtient la survivance de sa charge de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi en faveur de son fils Jean Baptiste.

1694: Alexandre Le Grand est retiré du répertoire de la Comédie Française, le 29 mars. Bossuet publie sa lettre au père Caffaro contre le théâtre et choisit Racine comme bon exemple d'un poète qui sait renoncer au théâtre.

Le 4 août, Racine et Antoine Aranaud sont les médiateurs et obtiennent la fin provisoire de la querelle des anciens et des modernes à l'Académie Française entre Boileau et Charles Perrault.

Le 8 août, Racine est le seul courtisan qui assiste à l'enterrement à Port Royal, d'Antoine Arnauld. Il compose un portrait en l'honneur du défunt. Il compose des cantiques spirituels en septembre pour être chantés devant le roi puis dans les abbayes. Ils sont appréciés par les jansénistes.

1695: Racine commence à rédiger un Abrégé de l'Histoire de Port-Royal qui paraîtra après sa mort. En mai-juin, il voyage à Compiègne et en Picardie.

Le 20 juin, le roi attribue à Racine un logement à Versailles.

1696: Racine achète pour 55 000 livres, une des cinquante charges de conseiller-secrétaire du roi mai il est dispensé d'assister aux réunions pour pouvoir exercer ses autres fonctions notamment assurer ses séances de lecture au roi. Sa fille Marie- Catherine entre chez les carmélites du faubourg Saint Antoine.

1697: La troisième édition des œuvres complètes de Racine paraissent.

Le 18 juin, Racine fait enregistrer son écusson. L'écusson de son père était d'azur, au rat et au cygne d'argent. Racine ne conserve que le cygne dans ses armes, visible sur sa pierre tombale à Saint-Étienne-du-Mont. Il ne conserve pas le rat trop peu noble. En juillet, Racine est à nouveau reçu à Marly.

Le 11 septembre, La Champmeslé joue pour la dernière fois Phèdre. En octobre, Racine séjourne à Fontainebleau.

1698: Racine a quelques difficultés financières. Il fait nommer son fils Jean Baptiste près de l'ambassadeur de France. En février, il est reçu à Marly. En Avril, il subit les premiers symptômes de la maladie. En Mai, La Champmeslé meurt.

Le 5 novembre, il assiste à la prise de voile de sa fille Anne chez les ursulines à Melun.

1699: Sa fille Marie Catherine retirée de Port Royal l'année précédente, lors de la crise avec le roi, épouse Claude Pierre Collin de Moramber.  Le 15 mars, il est gravement malade.

Le 21 avril, il meurt d'un cancer du foie. Le 22 avril, après un service à Saint Sulpice, il est inhumé à Port Royal à coté de la tombe de Jean Hamon.

1711: Après la destruction de Port Royal, ses cendres et celles de Pascal sont transférées à l'église Saint Etienne au Mont à Paris.

CITATIONS DE RACINE

Il n'est point de secrets que le temps ne révèle.

Les malheurs sont souvent enchaînés l'un à l'autre.

Il faut se croire aimé pour se croire infidèle.

Le conseil le plus prompt est le plus salutaire.

J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer.

La principale règle est de plaire et de toucher.

Qui veut voyager loin ménage sa monture.

Las de se faire aimer, il faut se faire craindre.

Une extrême justice est souvent une injure.

La vérité s'accorde avec la renommée.

Un père en punissant est toujours père : un supplice léger suffit à sa colère.

Ainsi que la vertu le crime a ses degrés

L'on hait avec excès lorsque l'on hait un frère.

Point d'argent, point de Suisse.

Qu'une âme généreuse est facile à séduire !

Sans argent l'honneur n'est qu'une maladie.

CLIN D'ŒIL

LA CABALE CONTRE PHEDRE ET L'AFFAIRE DES SONNETS

LA CABALE CONTRE PHEDRE

Cabale est un mot dérivé du mot hébreu Kabbale soit caché pour décrire un complot ourdi par un groupe de personnes unies autour d’un projet secret visant à conspirer pour le succès de leurs opinions et de leurs intérêts au sein d’un État ou d’une communauté donnée.

La duchesse de Bouillon née Anne Marie de Mancini nièce de Mazarin et sœur du premier amour de Louis XIV Marie Mancini, connait d’avance Phèdre, la prochaine tragédie sur laquelle Racine travaille. Avec son frère le duc de Nevers et Mademoiselle Deshoulières, elle invite Pradon à traiter de son côté le même sujet, Phèdre et Hippolyte. En trois mois, Pradon rédige sa tragédie. Les deux pièces paraissent à deux jours d’intervalle, les 1er et 3 janvier 1677, l’une sur le théâtre de l’hôtel de Bourgogne, l’autre sur le théâtre de la rue Guénégaud. La duchesse de Bouillon loue pour les six premières représentations les loges des deux théâtres et laisse vides, celles de l’hôtel de Bourgogne, pour faire croire à la chute de la Phèdre de Racine, tandis que toute la cabale remplissait la salle Guénégaud de ses applaudissements.

Le succès de la tragédie de Racine n'est que retardé. La pièce de Pradon qui serait aujourd'hui, inconnue sans cette cabale, est d'abord portée aux nues, par un public trompé par cette manœuvre. La curiosité du public la maintient encore assez longtemps sur la scène. Puis Phèdre de Racine bénéficie d'un triomphe énorme. Pradon n'a alors que la consolation d’accuser une cabale imaginaire de son insuccès final. Il accuse Racine et Boileau d'avoir empêché les deux meilleures actrices de Guénégaud de jouer dans sa tragédie.

Il leur reproche d'avoir fait interdire une critique de l'œuvre de son rival, en forme de comédie, Le Jugement d'Apollon sur la Phèdre des anciens, qu'il lit à l'hôtel de Bouillon.

L'AFFAIRE DES SONNETS, SUITE ET FIN DE LA CABALE

Pour défendre la Phèdre de Pradon, Mademoiselle de Deshoulières, aidée de quelques amis de la cabale, fait un sonnet injurieux sur la Phèdre de Racine.

Dans un fauteuil doré, Phèdre, tremblante et blême,

Dit des vers où d’abord personne n’entend rien.

Sa nourrice lui fait un sermon fort chrétien

Contre l’affreux dessein d’attenter sur soi-même.

Hippolyte la hait presque autant qu’elle l’aime;

Rien ne change son cœur et son chaste maintien.

Sa nourrice l’accuse, elle s’en punit bien.

Thésée est pour son fils d’une rigueur extrême.

Une grosse Aricie, au teint rouge, aux crins blonds,

N’est là que pour montrer deux énormes tétons,

Que, malgré sa froideur, Hippolyte idolâtre.

Il meurt enfin, traîné par ses coursiers ingrats,

Et Phèdre, après avoir pris de la mort-aux-rats,

Vient, en se confessant, mourir sur le théâtre.

Racine et Boileau, attribuent le morceau au duc de Nevers. Leurs alliés, le comte de Fiesque, le marquis d’Effiat, Guilleragues et de Manicamp ripostent sur les mêmes rimes. Nevers, sous le nom de Damon, n’y est pas seulement raillé de son mauvais goût littéraire. Il est attaqué dans sa vie aventureuse et galante et accusé de mœurs incestueuses.

Dans un palais doré, Damon, jaloux et blême,

Fait des vers où jamais personne n’entend rien :

Il n’est ni courtisan, ni guerrier, ni chrétien,

Et souvent, pour rimer, il s’enferme lui-même.

La muse, par malheur, le hait autant qu’il l’aime.

II a d’un franc poète et l’air et le maintien

II veut juger de tout et n’en juge pas bien.

Il a pour le phébus une tendresse extrême.

Une sœur vagabonde, aux crins plus noirs que blonds,

Va, dans toutes les cours, promener ses tétons.

Dont, malgré son pays, Damon est idolâtre.

Il se tue à rimer pour des lecteurs ingrats.

L’Énéide, à son goût, est de la mort-aux-rats,

Et, selon lui, Pradon est le roi du théâtre.

Le Duc de Nevers, écrit une vive et hautaine réplique sous la forme d’un troisième sonnet, toujours sur les mêmes rimes.

Racine et Despréaux, l’air triste et le teint blême,

Viennent demander grâce et ne confessent rien

II faut leur pardonner, parce qu’on est chrétien,

Mais on sait ce qu’on doit au public, à soi-même.

Damon, dans l’intérêt de cette sœur qu’il aime,

Doit de ces scélérats châtier le maintien:

ar il serait blâmé de tous les gens de bien,

S’il ne punissait pas leur insolence extrême.

Ce fut une furie, aux crins plus noirs que blonds;

Qui leur pressa du pus de ses affreux tétons,

Ce sonnet qu'en secret leur cabale idolâtre.

Vous en serez punis, satiriques ingrats,

Non pas en trahison d’un sou de mort-aux-rats,

Mais de coups de bâton donnes en plein théâtre.

Pour éviter les coups de bâton promis par le Duc de Nevers, Boileau doit se retirer à Haute Isle près de la Roche Guyon. Pourtant sa prétendue mésaventure est racontée toujours sur les mêmes rimes, par P. Louis Sanlecque qui veut faire sa cours au duc de Nevers.

Dans un coin de Paris, Boileau tremblant et blême,

Fut hier bien frotté, quoiqu’il n’en dise rien.

Voilà ce qu'a produit son style peu chrétien.

Disant du mal d'autrui, l'on s'en fait à soi-même.

«L’affaire des sonnets», qui devient une affaire de bouts-rimés, prend fin par l’intervention du grand Condé, qui déclare hautement mettre les deux poètes menacés sous sa protection. En octobre, Racine et Boileau sont nommés historiographe du Roi, grâce à l'insistance de Madame de Montespan et de sa sœur. Ils reçoivent chacun une somme de 6000 livres par ordonnance royale mais ils doivent se consacrer au service du roi. Racine n'écrira plus de tragédie et suivra les préceptes jansénistes, contre le théâtre.

LIENS EXTERNES

Marly le Roi: http://www.marlyleroi.fr/

Le château de Versailles:  http://www.chateauversailles.fr/

Office de Tourisme de Versailles: http://www.versailles-tourisme.com

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